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Un oeil indépendant sur les mutations de la Chine

« Les 20 prochaines années seront celles de la montée en puissance des marques chinoises. Quand la croissance du PIB national ralentit et que les exportations diminuent c’est alors que les marques émergent puissamment. C’est ce qui s’est passé avec des marques comme Panasonic, Sony, Samsung. Quand la Chine aura dépassé le stade du développement brut et quand ses entrepreneurs auront vraiment réfléchi à leurs modèles, c’est alors que la Chine sera vraiment un pays mondial »

Liu Qiangdong, fondateur et président de JD.com, l’une des plateformes de commerce électronique leader en Chine.

C’est le nombre d’emplois créés par les entreprises étrangères en Chine. Soit un dixième de l’emploi urbain national, un sixième des recettes fiscales du pays et deux cinquièmes de ses exportations et ses importations. En 2022 il y avait 668 000 entreprises étrangères en Chine contre 441 000 dix ans plus tôt, soit une augmentation de 51,5%. En une décennie la production industrielle des entreprises étrangères s’est clairement ré-orientée vers la haute technologie et les technologies de l’information. En 2022 la part des investissements étrangers dans ces deux secteurs représentait 15,4% et 9,6% du total, soit une augmentation respective de 9 et presque 5 points par rapport à 2012.

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L’Amérique reste l’empire des marques. La Chine compte ses champions mais ses prétendants, à l'exception de TiKtoK et Xiaomi, peinent à être désirables dans le reste du monde. La France est de plus en plus confinée dans son sanctuaire des icônes du luxe. On pourrait résumer ainsi les rapports de force entre les grandes puissances mondiales rapportés à la puissance de leurs marques respectives. Chaque marque a son prix mais c’est le désir qu’elle suscite qui est sa valeur ultime : à cette aune l’Amérique surclasse la Chine.   

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Le monde entier s’enflamme pour ChatGPT. 
La grande course mimétique est donc lancée. Le co-fondateur de Meituan vient d’afficher sa nouvelle ambition : « Construire China Open AI avec 50 millions $ en attirant les meilleurs talents de la R&D par la cession de 75 % du capital ».
L’entrepreneur, reconnaissant qu’il ne connaît pas la technologie de l’IA ne prendra que 25 % des actions du projet. Sa modestie l’honore. Wang Huiwen, issu d’une famille de paysans, a eu la chance de rencontrer Wang Xing à Tsinghua quand il était étudiant. Cette rencontre de dortoir universitaire a profondément lié les deux hommes, malgré leur origine sociale différente. Avant de créer Meituan en 2010 les deux amis ont commencé par lancer ShoolNet, initiative pour laquelle Wang Huiwen a dû emprunter 200 000 yuans. Retraité depuis 2020 de Meituan qui a fait sa fortune, l’ami de dortoir de Wang Xing donne désormais des cours sur la gestion des produits Internet à l’Ecole d’économie et de gestion de Tsinghua.  
Baidu a annoncé pour mars Ernie, la version chinoise de ChatGPT : il va donc falloir que Wang Huiwen fasse vite et fort s’il veut aller au bout de sa nouvelle ambition.

Wang Huiwen

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Zhang Yiming

fondateur de ByteDance en 2012 et créateur de Toutiao et de TiKtoK.

« Quand un concurrent vous critique, même si 80 % de ses informations sont inexactes, il faut lire les 20 % qui restent car cela peut devenir une vraie source d’inspiration. Ne soyez jamais obsédé par votre concurrent direct. Regardez ce qui s’est passé entre Microsoft et Google : le premier a longtemps cru que son vrai concurrent était Google jusqu’au jour où il a compris que le nouveau marché d’avenir de l’informatique serait le Cloud. C’est alors Amazon qui est devenu son vrai concurrent »

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Neil Shen
fondateur de Sequoia China, 

« « Nous ne touchons pas aux entreprises très rentables mais qui ont un impact social négatif. A l’heure où la Chine défend un développement économique de qualité, les indicateurs traditionnels de la performance des entreprises ne suffisent plus : l'engagement environnemental, la responsabilité sociale et la gouvernance sont devenus stratégiques » »

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Ces moutons sont le troupeau officiel d’une centrale photovoltaïque. 
Imaginez la superficie du territoire de Singapour recouverte par des panneaux solaires : voici la centrale de Talatan dans le Qinghai. 
Elle a permis d’alimenter en électricité le Henan et le Jiangsu, de reverdir la région en restaurant sa couverture végétale à 80%, de réduire de 50% la vitesse des vents violents dans la région. Certains chercheurs estiment qu’il suffirait de couvrir 1% des zones désertiques chinoises de panneaux photovoltaïques pour alimenter 1,3 milliard d’individus en électricité. Autre avantage des géants bleus sobres et abstraits : ils préservent l’humidité des sols et, comme l’herbe pousse plus vite à l'ombre de ces nouveaux parasols écologiques tout en restant difficilement accessible à l’homme, la centrale fait paitre son propre troupeau pour entretenir sa grande usine propre à ciel ouvert. 
Le groupe Three Gorges a récemment annoncé vouloir investir 80 milliards de yuans pour construire la plus grande base éolienne et photovoltaïque du monde dans le désert de Kubuqi en Mongolie-intérieure. Les moutons se réjouissent déjà.   

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Hokki bleu ou ibis rouge ?

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Le hokki bleu est un gros saphir à pattes rouges, visible de loin sur la neige de printemps. Beaucoup plus chic que le faisan de nos bois. Il a les yeux rouges, la tête noire, deux ailettes blanches en guise d’oreilles. Sa queue de 24 plumes, digne d’un éventail de courtisane, en fit une victime de la plumasserie chinoise d’abord puis européenne car les mandarins et les élégantes de Berlin adoraient en orner leurs chapeaux. Ses ailes trop courtes et son poids lourd en font un pachyderme du vol mais un marathonien des bois. Animal protégé car un temps menacé, il est en colonies revenu dans les forêts des montagnes du Ningxia, du Gansu et du Qinghai.
Longtemps menacés d’extinction les ibis rouges du lac Fuxian dans le Yunnan, grande étape sur le chemin des oiseaux migrateurs du monde entier, sont aussi de retour. Comme les marsouins aptères qui chassent à nouveau dans les eaux du lac Poyang dans le Jiangxi et du lac Dongting dans le Hunan, dont une légende raconte qu’ils sont la réincarnation d’une princesse qui se serait jetée dans le fleuve Yangtsé pour échapper à un prince qu’elle n’aimait pas. Le ministère de l’Agriculture estime leur population actuelle à 1200 spécimens. Si les marsouins aptères, les ibis rouges et les hokkis bleus reviennent c’est parce que la biodiversité regagne du terrain dans les fleuves, les lacs et les forêts. Une nouvelle au moins aussi importante que le nouveau seuil du PIB chinois dont le Bureau national des statistiques vient de révéler qu’il s’est élevé en 2022 à 17 450 milliards $ ( +3% par rapport à 2021 ).