Twice
Le monde entier s’enflamme pour ChatGPT.
La grande course mimétique est donc lancée. Le co-fondateur de Meituan vient d’afficher sa nouvelle ambition : « Construire China Open AI avec 50 millions $ en attirant les meilleurs talents de la R&D par la cession de 75 % du capital ».
L’entrepreneur, reconnaissant qu’il ne connaît pas la technologie de l’IA ne prendra que 25 % des actions du projet. Sa modestie l’honore. Wang Huiwen, issu d’une famille de paysans, a eu la chance de rencontrer Wang Xing à Tsinghua quand il était étudiant. Cette rencontre de dortoir universitaire a profondément lié les deux hommes, malgré leur origine sociale différente. Avant de créer Meituan en 2010 les deux amis ont commencé par lancer ShoolNet, initiative pour laquelle Wang Huiwen a dû emprunter 200 000 yuans. Retraité depuis 2020 de Meituan qui a fait sa fortune, l’ami de dortoir de Wang Xing donne désormais des cours sur la gestion des produits Internet à l’Ecole d’économie et de gestion de Tsinghua.
Baidu a annoncé pour mars Ernie, la version chinoise de ChatGPT : il va donc falloir que Wang Huiwen fasse vite et fort s’il veut aller au bout de sa nouvelle ambition.
Wang Huiwen
P
Zhang Yiming
fondateur de ByteDance en 2012 et créateur de Toutiao et de TiKtoK.
« Quand un concurrent vous critique, même si 80 % de ses informations sont inexactes, il faut lire les 20 % qui restent car cela peut devenir une vraie source d’inspiration. Ne soyez jamais obsédé par votre concurrent direct. Regardez ce qui s’est passé entre Microsoft et Google : le premier a longtemps cru que son vrai concurrent était Google jusqu’au jour où il a compris que le nouveau marché d’avenir de l’informatique serait le Cloud. C’est alors Amazon qui est devenu son vrai concurrent »
Neil Shen
fondateur de Sequoia China,
« « Nous ne touchons pas aux entreprises très rentables mais qui ont un impact social négatif. A l’heure où la Chine défend un développement économique de qualité, les indicateurs traditionnels de la performance des entreprises ne suffisent plus : l'engagement environnemental, la responsabilité sociale et la gouvernance sont devenus stratégiques » »
I
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Les pneus qui ont des ailes
Ce jeune homme n’a jamais fini ses études secondaires.
Ce qui ne l’a pas empêché de fonder Xpeng AeroHT qui fabrique aujourd'hui des voitures volantes. A 20 ans Zhao Deli quitte son Hunan natal pour aller bosser à Dongguan dans le Guangdong. D'abord ouvrier d’usine, vendeur d’assurances, agent de sécurité, puis, avec ses premières économies, restaurateur et vendeur de drones sur Taobao. Obsédé par l’aéromodélisme il commence à rêver de faire voler des voitures à basse altitude. Il a 40 ans, il n’est jamais trop tard pour rêver. En 2013 il passe à l'action mais trois ans plus tard il a déjà brûlé toutes ses cartouches. Associés et partenaires le lâchent, laissant seulement derrière eux un ingénieur pour tenir la maigre chandelle du rêve avec l’utopiste. Zhao Deli hypothèque sa maison, le rêve menace de se fracasser et pendant deux ans ses seuls appels téléphoniques sont ceux des banquiers avides de récupérer leur argent. Après avoir fait voler ses prototypes avec 50 kg de riz embarqués, l’utopiste endurant devient son propre cobaye pour tester sa machine : bardé d’un casque de moto et de quatre pauvres genouillères il monte à bord de sa petite voiture pour un vol inaugural à 20 mètres d’altitude. Sentant ses cheveux flotter et tout son corps vibrer le fou volant se sent, de son propre aveu, enfin libre. Même ses trois chutes successives qui auraient pu être fatales ne l'arrêtent pas. Jusqu’à ce jour magique de 2020 où He Xiaopeng, le fondateur de la marque automobile éponyme, vient à lui. Malgré ses envols hasardeux le fou volant parvient alors à lever 550 millions $. Merci Xiaopeng. En 2021 la licorne XPeng AeroHT est inscrite par Hurun sur la liste des licornes mondiales. Dans les trois ans qui suivent les brevets pleuvent, plus de 700 sont déposés. Au dernier CES de Las Vegas une voiture volante de l’entreprise Huitian a fait sensation. L’argent circule, le marché est là, le rêve continue.
Votre débrief précis et concis sur la Chine
qui performe, transforme, réforme.
« Une guerre est semblable au feu, lorsqu’elle se prolonge elle met en péril ceux qui l’ont provoquée » écrit le stratège Sun Tzu. Ce principe classique n’a jamais été aussi vérifiable. Il vaut aujourd'hui pour la guerre entre la Russie et l’Ukraine, entre le Hamas et Israël, entre les USA et la Chine, pour celle qui ravage le Soudan, pour toutes celles aussi qui ne se sont jamais éteintes au point que plus personne n'en parle.
Pendant que ces guerres se prolongent, toutes les autres guerres sont suspendues : celles contre le réchauffement climatique, contre les populismes qui vampirisent les peuples, contre les droites extrêmes qui partout en Europe prennent en otage la politique comme si les citoyens ne voulaient plus être librement gouvernés mais inconditionnellement protégés. Ces guerres pourtant nécessaires, vitales même, ne sont pas seulement suspendues, elles sont en train de passer sous le tapis.